Thursday, August 4, 2011

«Tout le monde n’est pas un meurtrier potentiel»

Drame en Norvège: reportage au coeur d'un pays multiculturel L'auteur du massacre est un ex-membre du parti du progrès. La rhétorique anti-migratoire de ce parti d'extrême droite peut-elle être associée d'une manière ou d'une autre aux actes terribles d'un homme?



Après le massacre un psychiatre dresse pour swissinfo.ch le profil des criminels dangereux. Chef du l’unité de psychiatrie attachée au département zurichois de la Justice, Frank Urbaniok démonte plusieurs mythes sur les criminels violents.

Le 22 juillet, Anders Behring Breivik, un extrémiste de droite norvégien, a fait exploser une bombe dans le quartier gouvernemental d’Oslo, tuant 8 personnes. Il s’est rendu ensuite sur une île qui abritait un camp des jeunesses travaillistes et y a abattu 69 personnes, pour la plupart des adolescents.

swissinfo.ch: Un homme de 32 ans, sans antécédents violents, a froidement tué 77 personnes, ne s’est pas suicidé et plaide désormais non coupable des charges de terrorisme. Qu’en pensez-vous?

Frank Urbaniok: Lorsque nous analysons le modèle d’infraction, c’est-à-dire la manière dont quelqu’un commet un crime, nous remarquons deux éléments très importants: il ne s’est pas suicidé et il insiste sur son propre schéma de croyance consistant à affirmer qu’il est en guerre.

Il y a deux manières d’interpréter le fait qu’il ne s’est pas suicidé. Il peut s’agir d’une sorte de psychose indiquant qu’il souffrirait d’un grave trouble psychiatrique. En raison de symptômes délirants, des gens croient en ce qu’ils font. C’est ce que nous appelons être psychotique. Mais, le degré de préparation et le sang-froid avec lequel il a commis son crime contredisent fortement cette hypothèse. Ce qui est beaucoup plus probable, c’est que nous avons affaire à un criminel qui a des convictions bien ancrées.

Il faut faire une différence entre maladie psychiatrique et dangerosité. Il existe beaucoup de traits de la personnalité qui sont associés à une propension à la violence, mais il ne s’agit pas de troubles psychiatriques.

swissinfo.ch: L’avocat d’Anders Behring Breivik déclare que son client semble fou, ce que conteste le chef de la police. Est-il véritablement fou?
F. U. : Je ne le crois pas. Il est naturel que l’avocat affirme cela. Mais il y a des preuves solides qui montrent que le tueur est responsable de son crime: la longue période de préparation, le caractère méthodique et le sang-froid.
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